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Le sommeil du nourrisson

L’essentiel

La compréhension du sommeil du nourrisson représente un atout pour mieux vivre les nuits classiquement perturbées des premiers mois et peut aider à accueillir avec bienveillance les éveils nocturnes du jeune enfant.

Dans le ventre de sa mère, le fœtus se développe avec des cycles de veille et de sommeil qu’il gardera quelque temps après sa naissance. Ces cycles vont fortement évoluer au cours des premiers mois avec la maturation de l’horloge biologique située dans le cerveau. Connaitre l’organisation du sommeil en fonction de l’âge permet de suivre cette évolution.

Ce dossier traitera également de l’environnement et des facteurs favorables au plaisir du sommeil, à l’importance du sentiment de sécurité du nourrisson ou encore à la manière de coucher son bébé.

Respecter les rythmes et besoins du jeune enfant contribuera à son développement harmonieux tant au niveau physique que psychique et programmera son cerveau pour les nuits à venir. Ce document propose ainsi quelques éclairages sur les aléas liés à l’endormissement et les « bonnes » pratiques à intégrer dans votre quotidien pour faciliter cette étape. En seront toutefois exclues les pathologies ou maladies particulières.

La prévention de la tête plate, ainsi que la mort subite inopinée du nourrisson (MSIN), seront abordées et accompagnées des informations utiles pour bien comprendre ces phénomènes et mieux les appréhender.

Les troubles du sommeil du jeune enfant dû à des causes médicales comme la période de la sortie des dents, à des troubles de type parasomnies, ou encore à certains problèmes comportementaux comme le refus de se coucher, pourront contrarier la quiétude des parents et seront développés dans ce dossier. Les éveils nocturnes et pleurs parsèmeront ainsi encore un certain temps les nuits des années à venir.

Nous œuvrerons donc, tout au long de ce dossier, pour que cette période de 0 à 3 ans se vive dans les meilleures conditions, c’est-à-dire :

  • Pour le jeune enfant, dans une sécurité affective nécessaire et favorable à son autonomie pour l’endormissement et la qualité de son sommeil ;
  • Pour les parents, dans l’accueil avec bienveillance et sérénité des besoins exprimés à travers les pleurs et les cris, et ce, même en pleine nuit !

 

Maturation et organisation du sommeil

L’organisation du sommeil du nourrisson s’installe progressivement et la patience est de mise pour surmonter les difficultés jusqu’à la mise en place du rythme jour/nuit de 24 heures.

C’est vers l’âge de 3 ans que le sommeil du jeune enfant se rapproche de celui de l’adulte. Mais pour en arriver à ce stade, le cerveau doit prendre le temps de maturer. Le rythme repos/activité de la maman au cours de la grossesse et l’alternance lumière/obscurité après la naissance, sont des « donneurs de temps » importants pour synchroniser l’horloge biologique  sur les rythmes circadiens.

 

1/ Le sommeil du fœtus

La maturation de l’horloge biologique débute chez le fœtus vers 18 semaines de gestation. Autour de 5 mois, le bébé in-utero vit des périodes d’agitation ou de tranquillité.

Le fœtus dort de façon quasi ininterrompue pendant toute la grossesse et même pendant l’accouchement. En effet, le bébé ne se réveille qu’au moment des contractions utérines les plus fortes et de l’expulsion. Son sommeil est indépendant de celui de sa maman.

Vers 7 mois, environ 27 semaines, deux états de sommeil distinctifs apparaissent : agité et calme. Ces périodes alternent alors de façon régulière et stable tout au long des mois qui suivent.

 

2/ Le sommeil du nouveau-né prématuré

Le sommeil du nourrisson prématuré peut être comparé à celui du fœtus de même « âge gestationnel ». A 30 semaines, sommeil agité et sommeil calme alternent selon des cycles de 45 à 50 minutes. Une part de sommeil mal défini entre agité et calme, appelé sommeil indéterminé, se manifeste également (autour de 20 % du temps global).

 

3/ Le sommeil du nouveau-né à terme

Entre la naissance et un mois, le nouveau-né dort entre 16h et 18h sur 24h, même si certains auront besoin de 14h de sommeil et d’autres, de 20h.

Son sommeil est biphasique, ultradien et polyséquentiel.

  • Biphasique : il comporte seulement 2 phases
  • Ultradien : le bébé ne fait pas la différence entre le jour et la nuit
  • Polyséquentiel : le sommeil fonctionne par séquences tout au long de la journée.

Le nouveau-né s’endort en sommeil agité (l’équivalent du sommeil paradoxal de l’adulte) et alterne des phases de sommeil agité et de sommeil calme. Les cycles sont autour de 50 mn (contre 90 mn environ chez l’adulte), avec une possibilité d’éveil entre chaque cycle, de sorte que les réveils multiples sont fréquents, que ce soit pour manger ou pour découvrir son monde environnant. Par contre, il se fatigue vite et se rendort rapidement… pour 50 mn environ !

Lors du sommeil agité, majoritaire, le bébé bouge les doigts, les bras, les jambes. L’activité de son cerveau est intense. Il « s’exprime » à travers une variété de mimiques en lien avec les 6 émotions primaires de tout être humain : la joie (sourires aux anges), mais aussi la colère, la surprise, la peur, le dégout et la tristesse. Sa respiration n’est pas régulière et il peut même lui arriver d’ouvrir les yeux brièvement ou plusieurs minutes, mais il dort.

Pendant le sommeil calme, le bébé reste immobile, son visage est détendu, la respiration posée et régulière et les yeux demeurent fermés sans mouvements oculaires. Quelques sursauts peuvent subvenir ainsi que des mouvements de succion.

 

4/ Le sommeil de 1 mois à 1 an

Exemple de répartition avec les périodes de sommeil en sombre.

Vers deux mois les cycles s’allongent et l’horloge interne est suffisamment mature pour permettre progressivement l’alternance jour-nuit. Certains nourrissons sont capables de faire des nuits de 8 à 9 heures à cet âge, d’autres sont plus lents à installer leur rythme. Le plus souvent, vers 4 mois le bébé fait ses nuits. Mais attention, un bébé génétiquement « petit dormeur » dormira peu et pleurera plus facilement.

Entre 6 et 12 mois, l’organisation circadienne (autour des 24 h) du rythme veille/sommeil se consolide. La progression se poursuit avec des cycles qui s’allongent et se diversifient. Ainsi vers 6-9 mois, leur durée s’approche des 70 mn et se compose de 3 phases avec du sommeil paradoxal, lent et lent profond. Vers 6 mois le temps de sommeil totalise environ 14 h avec une variabilité de plus de 2 heures entre les bébés. La nuit représente maintenant environ 12 heures de sommeil, soit 10 à 12 cycles du sommeil (contre 5 à 6 chez l’adulte). En cours de journée, les périodes de sommeil sont plus courtes et sont entrecoupées d’éveils de plus en plus longs.

A partir de 9 mois, le nombre de siestes diminue pour se reporter sur la durée de récupération nocturne. C’est également à cette période que le train du sommeil débute par une phase de sommeil lent léger, puis lent profond suivi du sommeil paradoxal

 

5/ Le sommeil entre 1 an et 3 ans

C’est vers 12-18 mois que le sommeil a acquis les caractéristiques du sommeil de l’adulte. La maturation du sommeil se poursuit donc avec une diminution de la durée totale qui se situe à 12 – 13 heures vers 3 ans. La sieste du matin disparaît autour de 18 mois.

Le sommeil de nuit a une organisation bien stable. Par contre, la durée du cycle de sommeil change et commence à s’allonger autour des 2 ans pour atteindre 90 à 120 minutes à l’âge de 3-4 ans.

Entre minuit et 5 h du matin, des éveils peuvent subsister. Ils sont physiologiques et passent le plus souvent inaperçus car l’enfant se rendort seul. On observe aussi une augmentation du sommeil lent profond avec des phénomènes de parasomnies dès 3 ans (voir chapitre 6). La durée du sommeil nocturne est de 10 h en moyenne.  Mais là encore, chaque enfant a des besoins qui lui sont propres.

 

6/ La sieste

Vers 1 an la sieste de fin d’après-midi disparaît avec un passage à 2 siestes par jour, l’une en fin de matinée et l’autre en début d’après-midi. Le bébé est de plus en plus éveillé dans la journée et il fait des nuits d’un sommeil plus continu et d’une durée d’une dizaine d’heures environ. Il a maintenant la capacité à se rendormir seul.

Comme mentionné un peu plus tôt, la sieste du matin disparaît ensuite vers 18 mois. Seule la sieste en tout début d’après-midi persiste pour la grande majorité, soit 90 % des enfants de cet âge. Elle se maintient habituellement en petite section de maternelle et parfois même en moyenne section mais disparaîtra progressivement entre 4 et 6 ans.

Il est donc primordial que de bonnes habitudes soient prises dès le plus jeune âge, puisque la structuration du rythme veille/sommeil se met en place avant 3 ans. Préserver la qualité et le plaisir du sommeil, respecter le caractère génétique propre à chaque enfant, c’est aider son tout-petit à grandir à travers cette fonction vitale qu’est le sommeil.

 

Environnement du sommeil

Il est important de créer un environnement calme et sécure pour l’enfant qui permette également aux parents de vivre sereinement les temps de sommeil du nourrisson.

 

La chambre et le lit

Dans nos cultures occidentales, le jeune enfant vit les premiers mois de sa vie le plus souvent dans un berceau ou un lit. Favoriser un environnement calme et sécurisé est donc essentiel pour lui donner les fondements d’un bon sommeil.

Dans une chambre à une température entre 18 et 20°, quotidiennement aérée, le berceau ou le lit du bébé sera plutôt de petite taille afin qu’il en sente les limites, cela le rassure.

Le matelas sera ferme et bien adapté au lit pour que l’enfant ne s’y retrouve pas piégé. Sans drap, ni couverture, ni couette, ni oreiller, le bébé dort de préférence dans une gigoteuse (douillette ou turbulette) ou un pyjama.

Le lit reste peu encombré c’est-à-dire pas de jouets ni peluches et même le doudou sera sorti du lit au cours des premiers mois.

L’obscurité est optimisée pour la nuit. Le calme et le silence prédominent (chuchotements). Toute stimulation est évitée pour favoriser la mise en place des rythmes circadiens.

La journée, par contre, la pièce où vit le bébé éveillé doit être bien éclairée. Il est souhaitable d’exposer le jeune enfant à la lumière du jour lors de promenades quotidiennes. Les moments d’éveil sont à mettre à profit pour câliner et communiquer avec son petit.

 

Le co-dodo

Pour éviter la séparation mère-bébé, le co-dodo (co-sommeil) est de plus en plus choisi. Installer le berceau dans la chambre parentale pendant les 2 à 3 premiers mois, apaise les parents et favorise le lien d’attachement. La période d’allaitement en cours de nuit s’en trouve aussi facilitée. Le bébé se sent sécurisé lors des réveils nocturnes par la présence constante de l’adulte. L’endormissement est d’autant plus aisé qu’il peut se synchroniser sur la respiration de sa mère.

Il est souvent recommandé d’installer progressivement bébé dans sa propre chambre dès qu’il commence à faire ses nuits, c’est-à-dire quand l’enfant parvient à dormir autour de 6 heures en continu. Les siestes peuvent représenter une transition en douceur pour l’habituer à ce changement.

Le co-sommeil contribuerait à rendre les enfants plus confiants car plus sécurisés dès leur petite enfance et favoriserait également leur autonomie et leur socialisation. De plus, il représente un facteur protecteur de la mort subite du nourrisson puisque ce sommeil partagé permet aussi sa surveillance au cours de la nuit.

Par contre, dormir avec un nourrisson de moins de 6 mois dans son lit est dangereux. Cela augmente le risque de mort subite. Etouffement, poids de la couette, mauvaise régulation de la température, représentent un risque accru de mort subite inexpliquée du nourrisson. Le risque de suffocation est particulièrement important si le parent a consommé de l’alcool ou des somnifères, ou s’il est en privation de sommeil. Plusieurs pédiatres recommandent même d’attendre l’âge minimum d’un an avant de laisser le petit enfant dormir dans le lit des parents.

 

Le babyphone

Le « babyphone » est placé dans la chambre par des parents inquiets ou anxieux qui souhaitent entendre la respiration de leur nourrisson. Ces appareils d’écoute émettent des ondes, potentiellement nocives. Il est donc recommandé d’éloigner l’appareil du lit du bébé et de choisir un système avec un mode de déclenchement automatique à la voix ou système VOX qui n’émet pas d’ondes en continu, et d’éteindre la base du babyphone si le récepteur est éteint.

 

La veilleuse

Avant 2 ans, la peur du noir n’existe pas encore chez le nourrisson. C’est vers 2 à 3 ans que certains enfants ressentent une crainte de l’obscurité. La découverte et la prise de conscience de tout un monde parfois inquiétant, peut provoquer quelques appréhensions et angoisses. Certaines histoires, des images aperçues à la télévision, impactent aussi parfois l’imaginaire du petit en pleine évolution physique, psychologique et émotionnelle. Une attitude compréhensive et bienveillante de la part des adultes aidera à surmonter ces peurs qui s’apaisent plus qu’elles ne se raisonnent. Toutefois, une veilleuse dans la chambre et/ou une porte laissée entrouverte permettra également de calmer ces frayeurs.

 

Endormissement et bonnes pratiques

Mettre son enfant au lit, même fatigué, ne suffit pas toujours à provoquer le sommeil du nourrisson. L’endormissement peut se révéler parfois délicat et certaines pratiques pourront l’y aider, tout en restant vigilant à sa sécurité.

 

1/ L’endormissement et la sécurité avant 1 an

L’endormissement :

Sauf cas particuliers comme pour les prématurés ou les bébés très faibles, il est préférable d’éviter de réveiller un nourrisson pour le nourrir. Le mieux est de le laisser manger à la demande. A partir de 5 kg, soit autour de 8 semaines, les réserves énergétiques sont constituées. De fait, vers 4-6 mois, l’alimentation nocturne n’est plus indispensable et peut être progressivement arrêtée.

La sensation de sommeil est souvent liée à celle de satiété ressentie par le nourrisson après l’allaitement au sein ou au biberon. La tétée a, en elle-même, un effet relaxant sur le bébé qui assouvit alors son besoin de succion et de contacts rassurants à travers regards, gestes tendres et paroles.

A noter que le lait maternel contient du L-tryptophane, un acide aminé qui facilite l’endormissement.

Les médecins du sommeil conseillent souvent de coucher l’enfant avant qu’il ne se rendorme. En effet, le bambin se sentira davantage en sécurité s’il retrouve le même environnement au réveil que lors de l’endormissement. Il est donc préférable de le reposer dans son lit encore éveillé pour faciliter ses prochains retours dans les bras de Morphée.

Une fois au lit, si des pleurs persistent et dans la mesure où l’attention et les soins apportés permettent de dire qu’il n’y a pas de problème particulier, il est conseillé d’éviter de le reprendre dans les bras, ceci pour lui apprendre à s’endormir seul en toute confiance. Par contre, la présence de l’adulte à ses côtés, éventuellement une main posée sur lui, quelques mots apaisants, sera réconfortante et suffira bien souvent à le rassurer pour mieux retrouver le sommeil salutaire.

Après 6 mois il est également préférable de nourrir le bébé en dehors de sa chambre afin de dissocier sommeil et alimentation.

Comment coucher le bébé :

Le bébé est couché sur le dos et uniquement sur le dos (sauf indication médicale précise), éventuellement un peu relevé en cas d’encombrement nasal, de régurgitations ou de reflux gastro-œsophagiens (toujours sur avis médical).

La prévention des déformations crâniennes positionnelles (DCP) (plagiocéphalie et brachycéphalie) est développée au chapitre 4.

 

2/ L’endormissement et la sécurité de 1 an à 3 ans

Il est important de choisir le bon moment pour coucher le jeune enfant. S’il est calme mais en pleine forme, il risque de s’ennuyer dans son lit. S’il est hyper tonique et très demandeur, il y a de fortes chances pour qu’il s’oppose au coucher de manière plus ou moins forte. Dans les deux cas, ne pas comprendre ses rythmes propres, pourrait contrarier pour longtemps les phases d’endormissement.

A éviter en fin de journée :

  • Boissons vitaminées (et caféinées de type coca si l’enfant en consomme)
  • Télévision et écrans
  • Lumière forte, atmosphère bruyante, ambiance stimulante
  • Jeux excitants, histoires anxiogènes
  • Tensions familiales.

Conseils pour le coucher :

  • Privilégier la régularité des horaires et le rituel du coucher, week-end et vacances inclus
  • Trouver l’heure de coucher qui convient à l’enfant et non celui qui arrange les adultes, la quiétude des nuits de toute la famille en dépend !
  • Privilégier la lumière naturelle en journée et les activités stimulantes pour bien synchroniser l’horloge biologique
  • Aller au lit ne doit pas être une punition !

Repères pour reconnaître le besoin de sommeil :

  • Il chouine et devient grognon
  • Il se frotte le nez, les yeux, a le regard dans le vide
  • La tête dodeline
  • Il a des bâillements à répétition
  • Très actif, il devient irrascible et coléreux
  • De bonne humeur, il n’est pas prêt à dormir : organiser une activité calme dans sa chambre pour faire une étape avant le rituel du coucher.

Le rituel :

Un rituel s’installe bien souvent progressivement au rythme de l’éveil du jeune enfant. C’est un donneur de temps qui rythme la journée et marque la transition vers le sommeil. Les chansons ou la musique accompagnent fréquemment l’endormissement du nourrisson puis la lecture et la séance « câlins » s’ajoutent au fil des mois. Mais attention à ne pas trop stimuler ces jeunes cerveaux au risque de provoquer des difficultés d’endormissement.

La présence du doudou, plus ou moins autour de 1 an, va quant à elle se substituer à la personne qui prend en charge le soin et le bien-être de l’enfant, la maman le plus souvent. Le doudou représente un lien sensoriel qui prolonge le contact avec cette personne et apaise la séparation pour glisser avec quiétude dans le sommeil. A ne pas perdre ou à avoir en double !

La tétine

Un bébé a besoin de sucer plusieurs heures par jour et pas seulement pour s’alimenter. La succion permet de ralentir le rythme cardiaque et donc de l’apaiser. C’est également un moyen pour découvrir le monde environnant en amenant tout ce qui l’entoure à la bouche.

Certains bébés ont un besoin marqué de succion pour s’endormir. Entre le pouce et une tétine, le choix se pose parfois. Utilisée uniquement comme aide à l’endormissement et uniquement pour cela, la tétine, avec une taille adaptée à la morphologie de l’enfant, ne provoque pas de déformation de la cavité buccale. Des études récentes ont même montré qu’elle avait un effet protecteur contre la mort subite du nourrisson (1).

Les éveils nocturnes

Au moment des éveils nocturnes, il est important de laisser au bébé le temps de retrouver seul le sommeil. Ces éveils sont normaux (en dehors de tout problème particulier ou d’inconforts dus à un rhume par exemple) et peuvent donner lieu à des gazouillis et des instants de vie nocturne animés.

Si des pleurs persistent, il est recommandé d’aller le voir pour tenter de le rassurer, sans le prendre dans les bras et sans rester bien longtemps. Revenir ainsi plusieurs fois si nécessaire jusqu’à endormissement.

Toutefois, le choix du « laisser pleurer » pour ne pas rendre l’enfant capricieux trouve encore ses défenseurs… Pourtant de nombreux pédiatres et pédopsychiatres s’entendent pour expliquer que des pleurs insistants provoquent un stress néfaste au développement du jeune enfant et peut même représenter un choc émotionnel nuisible à son équilibre mental. Les jeunes enfants vivent des peurs et des angoisses au cours de la petite enfance que les parents peuvent bien souvent atténuer avec amour, attention et bienveillance.

 

Prévention de la tête plate et mort subite inopinée du nourrisson (MSIN)

Le syndrome de la tête plate inquiète souvent les parents bien qu’il soit anodin dans la grande majorité des cas. La menace de mort subite inopinée du nourrisson quant à elle, peut être diminuée avec quelques règles à respecter.

 

1/ Plagiocéphalie et brachycéphalie ou syndrome de la tête plate

La plagiocéphalie et la brachycéphalie sont deux formes de DCP/ Déformation Crânienne Positionnelle sans gravité. La DCP peut être facilement évitée et corrigée par la stimulation de la mobilité du cou du nourrisson en particulier pendant les phases d’éveil.

Cette déformation crânienne bénigne concernerait 20 % des enfants avec un pic vers 4 mois.

Selon la HAS (Haute Autorité de Santé), aucune donnée ne permet de corréler cette DCP à un retard neuro-développemental, à des troubles spécifiques ophtalmologiques, occulomoteurs ou vestibulaires.

L’examen clinique suffit généralement à poser le diagnostic de DCP. Si la DCP est associée à un défaut de mobilité cervicale, elle peut révéler un torticolis postural ou musculaire congénital.

L’association précoce de recommandations positionnelles et la prise en charge par un kinésithérapeute à orientation pédiatrique sera alors privilégiée. Toutefois, le suivi médical sera particulièrement attentif dans le cadre d’une DCP qui peut être un signe précurseur d’un trouble tonico-moteur sous-jacent.

Le crâne du nourrisson est très malléable pendant les 6 premiers mois de vie, aussi quelques pratiques simples en prévention primaire ou en rééducation permettront l’effacement de cette déformation de la tête plate :

  • Alterner le sens pour coucher le nourrisson, toujours positionné sur le dos, vers la tête ou le pied du lit pour l’amener à tourner la tête
  • Choisir un matelas ferme, sans réducteur de lit, ni cale-tête, ni tour de lit
  • Eviter de le laisser longtemps dans son transat, baby-relax… et réserver le siège-coque aux transports en voiture
  • Le prendre souvent dans les bras lors de ses éveils
  • Changer de côté régulièrement pour lui donner le biberon ou la tétée
  • Lors du change positionner le nourrisson quelques instants sur le ventre
  • Lors des temps de jeux au sol, le placer régulièrement sur le ventre en éparpillant ses jouets tout autour de lui pour l’inciter à tourner la tête, ceci sous surveillance d’un adulte
  • Limiter le temps passé avec les arches de jeu et les « mobiles » qui fixent son attention et a pour effet de réduire sa mobilité.

 

2/ Mort Subite Inopinée du Nourrisson (MSIN)

La menace de mort subite inopinée du nourrisson peut survenir surtout entre 2 et 4 mois mais subsiste jusque 1 an. Elle touche 0,03 à 0,09 % de bébés apparemment en bonne santé, qui cessent de respirer pendant leur sommeil, sans cause médicale identifiée.

Le principal facteur de risque est le couchage en position ventrale avec danger d’enfouissement, d’hyperthermie et de confinement respiratoire. La position latérale est également fortement déconseillée car elle présente le risque de basculement sur le ventre.

La principale mesure de prévention est de coucher systématiquement le nourrisson sur le dos et dans un lit adapté. Pour cela, vider le lit de tout matériel ou objets qui augmentent le risque d’enfouissement, d’étouffement ou de confinement et plus précisément :

  • Matériel de contention (cale-bébé, réducteur de lit, coussin de positionnement…)
  • Couette, couverture, drap, oreiller, contour de lit
  • Peluches (sources d’allergènes), doudous, jouets.

Il est également fortement recommandé :

  • De choisir un matelas ferme, un lit à barreaux, une turbulette adaptée ou le pyjama
  • De privilégier une température entre 18 et 20° et une chambre aérée journellement
  • De veiller à supprimer toute exposition au tabac
  • D’installer si possible le berceau dans la chambre des parents mais surtout pas de coucher le nourrisson dans le lit parental

D’éviter toute médication sédative (sirop anti-toux…) et de bannir l’automédication.

 

Troubles du sommeil du jeune enfant : Les causes médicales

A partir de 6 mois, le nourrisson présente fréquemment des troubles du sommeil. L’angoisse de la séparation et le renforcement de l’attachement auprès des personnes qui représentent son environnement affectif, peut contrarier l’acceptation du sommeil.

De manière classique également, le bébé manifeste très souvent une sorte d’excitation ou de nervosité dans le créneau de 18 h/19 h, qui se traduit par des pleurs insistants. Ce trop-plein d’énergie de la fin de journée ne facilite pas non plus la venue de l’endormissement.

Pour autant, il s’avère que 15 à 20 % des problèmes de sommeil de la naissance à l’âge de 3 ans proviennent de causes médicales. Un bébé qui s’agite et pleure de manière inhabituelle, reste difficile à consoler et qui se comporte ainsi également en journée, doit alerter : il ressent peut-être des douleurs.

Dans bien des cas, l’attention particulière portée à l’enfant malade pendant la nuit, perturbe les bonnes habitudes acquises et un endormissement difficile peut subsister une fois le mal soigné. La patience et le retour à un rituel du coucher bien cadré et régulier, aideront à revenir progressivement à l’acceptation de la séparation en toute confiance.

 

1/ Douleurs diverses :

  • Otites : les douleurs sont exacerbées par la position allongée de sorte que l’enfant pleure surtout la nuit
  • Reflux gastro-œsophagien avec souvent régurgitations : le phénomène peut se calmer puis resurgir plus tard
  • Allergie à la protéine du lait de vache : souvent associée à un eczéma, elle représente 10 % des troubles du sommeil du jeune enfant
  • Coliques, constipation avec inconfort abdominal
  • Poussées dentaires avec douleurs inflammatoires plus sensibles la nuit
  • Infection urinaire, infection respiratoire,
  • Problèmes dermatologiques : l’eczéma, les démangeaisons du prurit.

 

2/ Le syndrome des jambes sans repos :

Le syndrome des jambes sans repos touche aussi  les enfants.Généralement, les symptômes sont les même que pour les adultes : inconfort aux jambes (« bulles pétillantes le long des jambes ») et difficultés à s’endormir ou à rester endormi car il faut bouger les jambes pour que les sensations désagréables disparaissent.

 

3/ Syndrome d’apnées du sommeil

Environ 10 % des enfants ronflent, ceci sans conséquence pour une grande majorité. Toutefois, l’apnée du sommeil touche 2 à 4 % de ces tous jeunes ronfleurs.

En fait un enfant qui ronfle de manière anodine a un sommeil calme. Bien éveillé en journée, il ne présente aucun trouble de comportement particulier. L’enfant est attentif et participatif. Mais chez certains enfants, le ronflement peut s’accompagner d’une augmentation des efforts respiratoires et de perturbations du sommeil. Il y a alors un syndrome d’apnées du sommeil qui doit être exploré sur le plan médical, et traité si besoin.

Les conséquences des apnées du sommeil ne sont pas anodines :

  • retard de croissance
  • conséquences métaboliques (prise de poids, diabète)
  • perturbation du développement cognitif
  • trouble du comportement de type agitation psychomotrice
  • facteur de risque cardiovasculaire à long terme et en l’absence de traitement.

Ce syndrome touche 1 à 3 % des enfants d’âge préscolaire. La fréquence du syndrome d’apnées obstructives du sommeil diminue après l’âge de 6 ans avec la diminution de volume des amygdales et des végétations ainsi que l’augmentation de calibre des voies aériennes supérieures liée à la croissance.Certains facteurs augmentent le risque d’apnées du sommeil chez le petit :

  • enfant prématuré
  • quand les parents fument (le risque est multiplié par 2)
  • en cas d’infections respiratoires à répétitions, d’asthme ou encore de reflux gastro-œsophagien
  • en cas  de malformation de la sphère oro-pharyngée comme dans certaines maladies génétiques (trisomie 21, syndrome de Pierre Robin…)
  • lorsqu’un parent est atteint d’un syndrome d’apnées du sommeil
  • en cas d’obésité.

 

Troubles du sommeil du jeune enfant : Les problèmes comportementaux

L’abandon au sommeil occasionne parfois des angoisses et des peurs chez le jeune enfant qui doit surmonter des troubles du sommeil comme les parasomnies. D’autres troubles du sommeil existent qui risquent d’occasionner des problèmes comportementaux problématiques sur le long terme.

 

1/ Les parasomnies :

Parmi les troubles du sommeil les plus courants figurent les parasomnies avec les cauchemars, les terreurs nocturnes et les éveils confusionnels qui sont les plus fréquents jusqu’à l’âge de 3 ans.

Les parasomnies peuvent survenir au moment de l’endormissement ou pendant le sommeil, le plus souvent lors de la transition entre les différents stades de sommeil. Habituelles chez l’enfant, elles ont un caractère épisodique : par exemple, tous les soirs pendant 15 jours, puis plus rien pendant un mois.

Bien qu’une prédisposition génétique dans 60 à 80 % des cas, puisse en favoriser la survenue, ce sont bien souvent des facteurs extérieurs qui sont à l’origine des parasomnies :

  • privation ou rythme irrégulier de sommeil
  • un épisode fiévreux
  • une activité physique particulièrement intense et trop tardive
  • un environnement de sommeil bruyant
  • une distension de la vessie (boisson trop abondante le soir)
  • anxiété ou stress, dû à un changement de mode de vie : voyage, entrée en collectivité, naissance d’un frère ou sœur…

Les cauchemars

Le cauchemar, ou mauvais rêve, peut apparaître vers 1 ou 2 ans. Souvent en milieu ou fin de nuit, l’enfant est réveillé et encore tout effrayé de ce qu’il vient de vivre. Parfaitement réveillé, il pourra s’en souvenir et le raconter. Le réconfort des parents suffit en général pour retrouver le sommeil.
Les cauchemars peuvent devenir problématiques avec une appréhension pour aller se coucher, lorsqu’ils sont récurrents sur une période courte et en plus sur le même thème.

Les terreurs nocturnes

Dans une telle situation, l’enfant n’est pas vraiment réveillé bien qu’il puisse être assis sur son lit avec les yeux grands ouverts. Il semble terrorisé et son éveil s’accompagne souvent d’un cri et de pleurs. Il peut avoir une respiration forte, saccadée, prononce parfois des paroles incohérentes, saute occasionnellement du lit et ne répond pas quand on lui parle. Il est ailleurs… dans un autre monde de la nuit… Ces épisodes durent de 1 à 20 minutes, puis l’enfant se rendort. Les terreurs nocturnes sont plus fréquentes entre 4 et 8 ans.

Les éveils confusionnels

Les éveils confusionnels surviennent quant à eux lors d’une sieste ou en début de nuit. Assez proches des terreurs nocturnes, ils sont plus fréquents chez l’enfant de moins de 5 ans. Profondément endormi, celui-ci se met à grogner, puis pleure, s’agite jusqu’à sortir parfois du lit. Il repousse la personne qui cherche à le prendre dans les bras. Cette manifestation peut durer de quelques minutes à plus d’une heure.

 

2/ Autres troubles du sommeil

Les rythmies du sommeil

Les rythmies sont le plus souvent passagères et concernent environ 60 % des nourrissons autour de 9 mois. Ce sont des mouvements de balancement de la tête et du corps qui surviennent  au moment de l’endormissement, parfois accompagnés de vocalisations. Ils peuvent être assez violents et impressionnants mais disparaissent sur quelques mois, parfois plusieurs années (8 % des enfants de 4 ans présentent encore des rythmies). Si nécessaire, protéger le pourtour du lit afin que l’enfant ne se blesse pas et bien caler le lit pour empêcher tout déplacement. Eviter également que le petit demeure trop de temps dans son lit sans dormir, en retardant éventuellement l’heure du coucher.

Sursauts ou myoclonies du sommeil non épileptiques

Les sursauts surviennent au moment de l’endormissement. Ils correspondent à une secousse involontaire et brutale du corps et peuvent réveiller l’enfant ou l’empêcher de s’endormir. Des hallucinations visuelles, auditives ou corporelles sont également possibles. Elles représentent des sources d’inquiétudes supplémentaires pour l’enfant qui risque de manifester une opposition au coucher et une peur du noir.

Les myoclonies sont des secousses musculaires plus brèves, plus localisées. L’option de maintenir les membres supérieurs pour que l’enfant puisse s’endormir est parfois préconisée.

L’insomnie

L’insomnie touche 25 à 50 % des enfants de moins de 5 ans. Elle se traduit par des difficultés d’endormissement avec pleurs et opposition au moment du coucher et/ou de réveils nocturnes prolongés entre 2 cycles de sommeil. 

On parle de difficultés d’endormissement lorsque l’enfant ne parvient pas à s’endormir dans un délai de 30 minutes. Chez le nourrisson, l’endormissement est souvent difficile, surtout s’il n’a pas été habitué à s’endormir seul dans son lit.

De plus, dès l’âge de 18 mois, l’enfant peut chercher à repousser le moment de la séparation : demandes répétées d’histoires, rappels des parents, s’éternisent jusqu’au moment des pleurs quand les parents ne répondent plus à sa demande. L’heure du coucher est alors mal vécue par l’enfant et les parents.

Renforcer le rituel, rassurer l’enfant et faire preuve d’un peu de fermeté affectueuse, devraient aider à passer plus rapidement cette période.

L’hypersomnie

L’hypersomnie peut affecter les enfants, même très jeunes, mais reste rare. Les médecins définissent l’hypersomnie comme une durée de sommeil supérieure de 2 à 3 heures à la durée normale du sommeil pour un âge donné.

Dans la majorité des cas, elle est le reflet d’une mauvaise adaptation des rythmes circadiens et traduit un manque de sommeil. D’autres causes plus rares sont toutefois possibles :

  • Des troubles endocriniens, comme une hypothyroïdie
  • Des problèmes respiratoires, comme un asthme
  • Des infections, comme la mononucléose infectieuse
  • Des troubles psychiatriques, comme la dépression
  • Certains médicaments susceptibles d’affecter la durée ou la qualité du sommeil
  • Le syndrome d’apnée du sommeil
  • Le syndrome des jambes sans repos.

 

3/ Les problèmes comportementaux

Les problèmes comportementaux avec refus de dormir ou lever en pleine nuit pour rejoindre la chambre parentale, perturbent le sommeil du jeune enfant et des parents. Ces éveils pendant le sommeil sont physiologiques jusqu’à l’âge de 3 ans et sont caractérisés par le fait que les enfants n’arrivent pas à s’endormir seuls. Ils ont tendance à disparaître spontanément ou dans la mesure où de nouveaux comportements ont été adoptés.

Les troubles du sommeil ou les problèmes comportementaux nuisent à la qualité du sommeil et peuvent être responsables de nuits plus courtes et potentiellement moins reposantes.

À court ou moyen terme, un mauvais sommeil chez l’enfant peut provoquer :

  • des troubles du caractère (ex. : hyperactivité, irritabilité)
  • une somnolence durant la journée
  • des difficultés d’apprentissage scolaire avec problèmes d’attention et de concentration
  • un risque plus important de développer un surpoids.

Dans de nombreux cas, ces troubles comportementaux s’expliquent dans la mesure où le nourrisson a oublié, ou n’a jamais appris, comment s’endormir seul. Ils peuvent bien souvent se résoudre avec quelques changements et de la patience. Il est parfois souhaitable que les parents prennent de nouvelles habitudes ou adaptent leurs pratiques pour donner à l’enfant les fondements d’un bon sommeil.

Dans les cas plus complexes, un traitement comportemental pourra être envisagé avec des professionnels du sommeil, associé parfois à une prise en charge psychologique de l’enfant et des parents (thérapie comportementale).

Le « fading » est par exemple, une technique anglo-saxonne qui peut être utilisée pour les enfants qui sortent à plusieurs reprises de leur lit pour aller retrouver leurs parents (voir précisions sur le site du Réseau Morphée).

Il existe par ailleurs une échelle de dépistage pour identifier certains troubles du sommeil de l’enfant de 6 mois à 4 ans (consultable sur le site du Réseau Morphée).

 

Ressources

Auteurices

  • RAMMONET Christine (Sophrologue)
  • l’équipe Offre Prévention de la Mutualité Française

 

Pour aller plus loin

L’alimentation du nourrisson (de 0 à 6 mois)

L’alimentation du jeune enfant (de 6 mois à 3 ans

Sources et références

Réseau Morphée

Sommeil normal du bébé : de la naissance à 3 ans

Le fading

Échelle de dépistage des troubles du sommeil de l’enfant de 6 mois à 4 ans

INSV

Dormir seul ou pas : quel impact sur le sommeil ?

Le sommeil de l’enfant

Départements sommeil de l’université de Lyon

Le sommeil, le rêve et l’enfant

Hôpital Necker – Service VNI : Ventilation NonInvasive et Sommeil de l’Enfant

Les recommandations pour un bon sommeil pour les enfants de 1 à 3 ans

HAS, Haute Autorité de Santé

Prévenir la tête plate : conseils aux parents

Prévenir la tête plate : autres conseils aux parents

Prévention des déformations crâniennes positionnelles et mort inattendue du nourrisson

Prise en charge en cas de mort inattendue du nourrisson

Enfants, quand peut-on parler d’hypersomnie ?

 

GUEGUEN, Catherine. (2017). « Vivre heureux avec son enfant ». Chapitre « Le sommeil » p.69 -112.Editions Pocket Evolution. 301 pages.

 

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