Alimentation et cancer : réduire les risques
Auteurs :
- RENOU-NATIVEL Corinne (Journaliste)
Pourquoi avoir créé un réseau de recherche sur le thème « alimentation et cancer » ?
Membres d’équipes de recherche publique, nous avons pour objectif premier de développer les recherches sur le lien entre nutrition et cancer, de favoriser les échanges scientifiques entre les équipes et de faciliter le montage de projets de recherche pluridisciplinaires. Nous avons aussi pour mission de communiquer les résultats de la recherche et répondre aux demandes de la société. Ainsi, le réseau qui rassemble les experts sur cette thématique intervient dans des travaux d’expertise scientifique collective à la demande des agences sanitaires, des ministères, etc. Via son site web, les outils qu’il développe et les événements ou formations qu’il organise, il contribue aussi à l’information grand public et à la formation des professionnels de santé.
Quels sont les résultats les plus marquants des recherches que vous avez menées ?
Le réseau qui existe depuis dix-sept ans réunit actuellement 43 équipes de recherche, c’est-à-dire environ 300 chercheurs. Ces équipes publient de nombreux articles – c’est plus de 250 publications sur les deux dernières années. Il est donc impossible de mettre en avant un seul résultat marquant du réseau. En revanche, on peut rappeler qu’en 2012 le réseau NACRe en partenariat avec la SFNEP (Société francophone nutrition clinique et métabolisme) a publié des recommandations pour la prise en charge nutritionnelle des patients atteints de cancer à la disposition des services qui soignent ces patients. Pour la prévention primaire des cancers, à la demande de l’Institut national du cancer (Inca), les experts du réseau ont actualisé les connaissances concernant les facteurs nutritionnels et le risque de cancer dans un rapport publié en 2015. Dix facteurs considérés comme pertinents pour la population française ont été examinés. Certains sont des facteurs de risque comme le surpoids et l’obésité, la consommation de boissons alcoolisées, de viandes rouges et de charcuteries, d’aliments salés, de compléments alimentaires à base de bêta-carotènes. Inversement, des facteurs nutritionnels diminuent le risque de cancer, comme la consommation de fruits et de légumes, de fibres alimentaires et de produits laitiers, ainsi que l’activité physique et l’allaitement (qui réduit le risque de cancer du sein chez les femmes qui allaitent).
Pouvons-nous réellement nous protéger du cancer en mangeant mieux ?
Manger mieux n’est pas un antidote au cancer parce que c’est une maladie multifactorielle. Mais améliorer son alimentation permettrait de réduire d’environ un tiers l’incidence des cancers les plus fréquents, ce qui représente une marge de prévention très importante. Plus on commence tôt et plus c’est efficace. Il est essentiel de s’engager sur la durée. Les apports d’au moins cinq fruits et légumes par jour, soit environ 400 grammes, contribuent directement à la réduction de plusieurs cancers. Par ailleurs, en offrant beaucoup de nutriments mais peu de calories, ils participent à la baisse du surpoids et de l’obésité, facteurs de risque. Les fibres contenues dans les produits céréaliers complets et les légumineuses ainsi que les fruits et légumes contribuent à réduire le risque de cancers colorectal et du sein. Une consommation excessive de viandes rouges et de charcuteries accroît le risque de développer des cancers colorectaux. Enfin, dès un verre quotidien de boisson alcoolisée, on constate une augmentation significative du risque de plusieurs cancers.