L’alimentation pendant un cancer
L’alimentation pendant un cancer
Vous avez un cancer et vous ne savez pas comment adapter votre alimentation. Vous n’avez peut-être pas connaissance des besoins spécifiques dus à la maladie. Vous sentez que vous perdez de l’appétit, du poids et vous ne savez pas comment faire pour y remédier ? Qui peut vous aider à surveiller votre état nutritionnel et quoi faire ?
Nous allons essayer de répondre à toutes ces questions ; en sachant que ce sont des informations de « première nécessité » et que chaque réponse peut toujours être approfondie.
Maintenir une alimentation plaisir
Avant tout, vous devez maintenir le plaisir de manger.
Mangez ce que vous aimez et ce que votre organisme « tolère ». C’est à mon sens l’un des plus importants messages à vous délivrer.
S’il y a des problèmes de déglutition, les liquides peuvent être épaissis grâce à « de l’épaississant » que vous trouverez en pharmacie. Cela permet de consommer des boissons dont vous appréciez le goût.
Une alimentation équilibrée et variée
Avec le cancer et ses traitements, il n’est pas toujours facile de maintenir une alimentation équilibrée. On observe les modifications suivantes :
- modification des goûts en bouche,
- sensibilité à certaines odeurs, qui peuvent entrainer un dégoût pour certains aliments,
- troubles digestifs.
Tout ceci a un impact sur l’alimentation et peut entrainer une perte d’appétit plus ou moins importante.
Essayez, autant que possible de composer les repas de la manière suivante :
- Une portion de féculents et un morceau de pain
- Une portion de légumes
- De la viande, ou du poisson/produit de la mer, ou des œufs (environ 20 g de protéines pour 100 g d’aliment)
- Un produit laitier
- Un fruit
Le produit laitier et le fruit peuvent être décalés dans le temps et consommés un peu plus tard si besoin.
Pamplemousse : seulement avec accord médical
Avec certains traitements, le pamplemousse est fortement contre-indiqué. Demandez l’avis de votre oncologue avant de consommer du pamplemousse.
On peut fractionner les repas
En cas de perte d’appétit, on mange des petits volumes. On réduit donc « nos ingestas ».
Pour augmenter les apports nutritionnels de la journée, je vous propose de fractionner les repas et d’ajouter des collations. On ne mange plus 3 « gros » repas par jour mais : 3 « petits » repas + 3 collations – et plus parfois.
Je vous propose donc de tester :
- Un petit déjeuner pas trop copieux
- Vers 10h : une collation
- Au déjeuner : un plat principal chaud ou froid (si possible composé de féculent + légumes + viande/poisson/œuf)
- Vers 14h : un produit laitier et/ou un dessert
- Vers 17h : une collation
- Au dîner (comme au déjeuner) : un plat principal chaud ou froid (si possible composé de féculent + légumes + viande/poisson/œuf)
- En soirée : un dessert, un laitage…
Avec cette proposition, on a bien 3 petits repas plus 4 collations. A tester et à adapter bien sur !
Limiter la perte de poids avec l’alimentation
Il faut surveiller votre poids. Pour cela je vous conseille de vous peser régulièrement, une fois par semaine par exemple. Choisissez un jour fixe de la semaine (ex : le lundi) et pesez-vous le matin, en sous-vêtements et toujours sur la même balance.
Avant que le cancer ne vous soit annoncé, vous aviez peut-être déjà perdu du poids ? L’objectif est de limiter le plus possible cette perte de poids qui correspond à une perte de masse maigre (le muscle). Si cette perte de poids (et donc de muscle) n’est pas prise en charge rapidement, vous risquez de ne plus avoir de forces dans les bras et les jambes, avec le risque de perdre en autonomie.
Pour reprendre le poids perdu, il y a deux solutions. Il ne faut pas faire un choix entre les deux ; l’idéal est de mettre les deux en place :
- Augmentez vos apports nutritionnels en calories et protéines,
- Faites de l’activité physique, voir du sport si cela est possible.
Augmenter les apports en protéines
Source : Recommandations de la Société francophone nutrition clinique et métabolisme (SFNEP) de novembre 2012
En oncologie médicale, les besoins en protéines sont de 1,2 à 1,5 g de protéines par kg de poids corporel et par jour.
Par exemple, si vous pesez 60 kg, vos besoins en protéines sont de 72 à 90 g par jour.
Pour enrichir l’alimentation en protéines, on peut ajouter dans les purées, pâtes, potages, etc. :
- du jambon mixé, un œuf battu, du poisson mouliné,
- du lait entier, du lait en poudre entier, du fromage râpé, de la crème de gruyère ou tout autre fromage.
Consommez de la viande, du poisson et autres produits de la mer, des œufs au déjeuner et au dîner si possible :
- soupe de poisson prête à l’emploi : un bol apporte environ 8 à 10 g de protéines. Si vous ajoutez du gruyère râpé et du pain grillé, c’est encore mieux ;
- œuf à la coque ou petite tranche de jambon au petit déjeuner ;
- croque-monsieur ou un croque-madame (ajouter un œuf au plat sur le croque-monsieur) ;
- crevettes grises/roses en entrée ;
- terrine de poisson ;
- blanc de poulet froid ;
- pâtes à la bolognaise ou chili con carné.
Je note lors de mes consultations que les « plats complets » comme les pâtes à la bolognaise passent mieux.
Pensez aussi à consommer des plats comme :
- du riz au lait, de la semoule au lait ;
- du fromage blanc (environ 7 g de protéines pour un pot de 100 g de fromage blanc) ;
- du pain perdu, une petite pâtisserie ;
- des cakes salés ;
- des galettes de sarrasin ou des crêpes salées garnies ;
- des légumes secs tels que les lentilles, les haricots rouges/blancs, les pois chiches, etc. ;
- des céréales comme le riz, le maïs en grains ou en polenta, le blé, les mélanges de céréales, etc.
Augmenter les apports en calories
Source : Recommandations de la Société francophone nutrition clinique et métabolisme (SFNEP) de novembre 2012
En oncologie médicale, les besoins en calories sont de 30 à 35 Kcal par kg de poids corporel et par jour.
Par exemple, si vous pesez 60 kg, on vous conseille un apport de 1800 à 2100 kcal/jour (minimum).
Le fait d’augmenter les apports en protéines permet aussi d’augmenter les apports en calories puisque 1 g de protéine apporte 4 kcal.
Pour augmenter les apports en calories, on peut :
- ajouter dans les plats une noisette de beurre, une cuillère de crème fraîche, de la crème de gruyère (type Vache Qui Rit), ou un peu d’huile (colza, noix, olive) ;
- ajouter dans les laitages du sucre, de la confiture ou de la gelée, du miel, de la crème de marron, etc. ;
- manger une tartine beurrée à la confiture ou une crêpe au sucre au goûter ;
- ajouter du fromage dans les plats, du gruyère râpé par exemple ;
- un biscuit ou un carré de chocolat avec le café.
Si besoin, utilisez des compléments alimentaires
On les appelle aussi des « compléments nutritionnels oraux ». Ce sont des aliments enrichis en calories et en protéines. On peut les acheter à la pharmacie et si un médecin établit une prescription avec une ordonnance, ces produits seront remboursés (montant de prise en charge variable).
Les laboratoires débordent d’idées et leurs gammes de produits sont très étendues. Cirons par exemple :
- les boissons lactées neutres ou parfumées (une version pour diabétique existe) ;
- les crèmes dessert (la version pour diabétique existe) ;
- les jus de fruits (également en version pour diabétiques) ;
- les pains briochés, les biscuits ;
- les bonbons au chocolat ;
- les potages ;
- Etc.
Il existe également de la poudre de protéines que l’on peut ajouter dans les potages, purées, etc.
En général, on conseille de ne pas dépasser 2 compléments par jour pour éviter de couper l’appétit et pour que cela ne devienne pas écœurant.
Maintenir une activité physique
Même si cela ne fait pas à proprement parler partie des conseils alimentaires, c’est important de maintenir une activité physique, voir sportive, pour entretenir votre masse musculaire. Et puis je pense que moralement, c’est très important.
Quels types d’activité physique choisir ?
- Au minimum 30 mn de marche rapide par jour : sortez votre chien, il sera content de se balader aussi !
- 3 séances de 20 mn par semaines d’activité de type jogging,
- des balades à vélo,
- profiter de la piscine municipale. Emmenez votre conjoint, un(e) ami(e), ce sera plus sympa.
Qui peut vous aider à surveiller votre état nutritionnel ?
- Vous en premier lieu, et notamment sur les points suivants :
- Faites l’évaluation de ce que vous mangez, en attribuant une note de 0 à 10 à la façon dont vous mangez chaque jour : « 0 » si vous ne mangez plus du tout et « 10 » si vous mangez de manière « habituelle ».
Par exemple, vous pouvez faire cette évaluation une fois par semaine, en même temps que la montée sur la balance.
- Surveillez votre poids : montez sur la balance une fois par semaine, à jour fixe. Je vous conseille de noter votre poids à chaque fois. Ces informations sont importantes pour le médecin généraliste, l’oncologue, le diététicien ou le nutritionniste.
Même si vous êtes obèse ou en surpoids, une perte de poids n’est pas à prendre à la « légère ». Une personne peut être obèse et dénutrie.
Votre poids et les ingestas sont des informations importantes pour l’oncologue et le diététicien ou le nutritionniste. N’oubliez pas de leur en parler.
- Le médecin généraliste ou l’oncologue peuvent prescrire une albuminémie.
En oncologie médicale, on considère qu’il y a dénutrition en dessous de 35 g par litre de sang.
- Le diététicien ou le nutritionniste peuvent faire une surveillance régulière de vos apports et vous donner les conseils adaptés à chaque consultation. Demandez à votre oncologue la prise en charge avec un diététicien : il vous indiquera la démarche à suivre car en fonction des établissements hospitaliers, cela peut varier. Ainsi au centre hospitalier dans lequel je travaille, le service d’oncologie en hospitalisation de jour reçoit les patients pour des séances de chimiothérapie. Pour chaque patient dont c’est la première séance de chimiothérapie, nous sommes appelées afin de réaliser une consultation diététique lors de sa séance. Un suivi diététique est mis en place avec l’accord du patient.
- Votre entourage : votre conjoint, vos enfants, vos amis, l’aide à domicile, etc. se rendent compte de ce que vous mangez et peuvent noter si vous présentez des signes de perte de poids. Faites leurs confiance et prenez bonne note de leurs remarques.
Prenez soin de vous
Références : L’alimentation pendant un cancer
Sources
- Drewnowski A., Alimentation et petit budget. Alimentation et pouvoir d’achat. 2009,
- Alimentation à tout prix. Guide pédagogique, CERIN/CFES juillet 1999,
- Le site de la nutrition santé & plaisir.
- Santé publique France : Guide La santé vient en mangeant.
Auteurices
- MARIE-MAGDELAINE Cécile (Diététicienne)
- L’équipe Offre Prévention de la Mutualité Française
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