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Syndrome génito-urinaire

Le syndrome génito-urinaire, c’est quoi ?

Le syndrome génito-urinaire de la ménopause ou SGUM regroupe tous les symptômes touchant la sphère génitale et vésicale liés à la carence en œstrogènes consécutive à la ménopause. En effet, les muqueuses de la vulve, du vagin, de la vessie, de l’urètre et même le plancher pelvien portent des récepteurs aux œstrogènes. La ménopause aura un impact négatif sur leur anatomie et leur fonctionnement. Contrairement aux bouffées de chaleur présentes dès le début de la ménopause et diminuant avec le temps, le SGUM apparait au bout de quelques mois ou années et va, malheureusement, aller en s’aggravant.  

 

Les symptômes urinaires du SGUM, syndrome génito-urinaire

À la ménopause, la vessie se défend moins bien contre l’infection, elle est plus sensible, moins continente, et régule mal ses contractions, elle est dite instable. 

 

Les cystites ou infections urinaires basses

On observe à la ménopause davantage de cystites, le plus souvent bactériennes, mais aussi des cystites à urines claires où, malgré l’absence de bactéries, tous les symptômes de l’infection urinaire sont présents : envie très fréquente de faire pipi pour de toutes petites quantités, douleur ou brûlure à la miction (souvent à la fin du jet), pesanteur pelvienne. 

Le diagnostic est confirmé par l’analyse bactériologique des urines.

Le traitement de la cystite aigüe est le même qu’en dehors de la ménopause, il fait appel aux antibiotiques en général en dose unique.

La prévention des cystites récidivantes de la ménopause, en l’absence de contre-indication, est l’administration d’œstrogènes soit par voie vaginale car ils migrent à travers la paroi vers la vessie, soit sous la forme d’un traitement hormonal de la ménopause.

Il n’est cependant pas inutile de rappeler les conseils de prévention habituels

  • Boire suffisamment d’eau.
  • Ne pas attendre trop longtemps que la vessie soit pleine pour aller aux toilettes.
  • Uriner après les rapports.
  • S’essuyer d’avant en arrière.
  • Eviter les protège-slips.

Le diagnostic et la prise en charge de la cystite à urines claires encore appelée cystite interstitielle est plus complexe : des traitements médicamenteux sont disponibles (Elmiron®) avec des résultats mitigés, l’oestrogénothérapie locale n’a pas fait la preuve de son utilité, l’hydrodistension vésicale ou les instillations vésicales sont pratiquées par les urologues. La gestion de la douleur chronique peut nécessiter la prescription d’antidépresseurs à titre antalgique.

 

Les troubles mictionnels

Ils se présentent sous différentes formes

  • La pollakiurie : nombreuses mictions de petit volume pendant la journée et/ou la nuit (nycturie).
  • L’urgenturie : besoin impérieux et irrépressible d’uriner.
  • La dysurie : difficulté à uriner et vider sa vessie.
  • Le syndrome d’hyperactivité vésicale : urgenturie avec ou sans incontinence urinaire, pollakiurie et/ou nycturie.

Le diagnostic est essentiellement clinique par l’écoute des symptômes mais sera complété par des examens complémentaires, les épreuves urodynamiques, en cas d’association avec une incontinence urinaire.

Les traitements sont l’oestrogénothérapie locale, les alpha-bloquants (Ceris®, Toviaz®, Ditropan®) et la rééducation périnéale. Sans omettre les conseils d’hygiène de vie : éviter les excitants tels que le café, le thé et la cigarette, boire à votre soif sans plus, ne pas aller aux toilettes par anticipation afin de garder à la vessie sa capacité de distension.

 

L’incontinence urinaire

Entre 25 et 40 % des femmes se plaignent d’incontinence urinaire, ce pourcentage augmentant avec l’âge. Elle est encore trop souvent taboue, il ne faut pas hésiter à en parler avec son médecin.

On distingue deux types d’incontinence : l’incontinence urinaire d’effort (à la toux, le sport, le port de charge…) et celle qui survient sans prévenir par urgenturie. Plus rarement, il s’agit d’une insuffisance du sphincter de la vessie avec des fuites continues. 

Le diagnostic se fait à l’interrogatoire où l’on tentera de caractériser l’incontinence sachant qu’il peut y avoir une association entre les deux formes à l’effort et par urgenturie. Pour préciser le diagnostic et surtout si l’on envisage une chirurgie, on prescrit des épreuves urodynamiques qui consistent à mesurer les réactions de la vessie et du sphincter dans différentes situations. 

Les traitements commencent toujours par une rééducation vésicopérinéale. Différentes techniques (électrostimulation, biofeedback), sont proposées. On peut faire sa rééducation seule avec un dispositif à domicile ou chez un professionnel de santé (kinésithérapeute ou sage-femme). Un traitement oestrogénique local potentialisera les résultats de la kinésithérapie.

Dans l’urgenturie avec incontinence, on prescrira les alpha-bloquants mais ils provoquent souvent une sècheresse buccale telle que les femmes abandonnent le traitement.

L’incontinence urinaire d’effort est une candidate au traitement chirurgical dont les résultats sont excellents à condition d’avoir fait le bon diagnostic par les épreuves urodynamique et d’avoir un chirurgien expérimenté.

 

Le périnée et les prolapsus

Le périnée qui soutient la vessie, le vagin et le rectum, va perdre de son tonus avec le vieillissement et la carence en œstrogènes. Les organes pelviens auront alors tendance à descendre, c’est ce qu’on appelle un prolapsus : la cystocèle pour la vessie, la rectocèle pour le rectum. Si ces prolapsus sont gênants, le seul traitement curatif est la chirurgie. En dehors des personnes très âgées inopérables, il n’est pas souhaitable de poser de pessaire, une sorte d’anneau en silicone que l’on place dans le vagin pour soutenir les organes. Les facteurs de risque de prolapsus, outre l’âge et la ménopause, sont d’avoir eu trois accouchements ou plus surtout de gros bébés, la toux chronique, le surpoids, le port de charges lourdes.

 

La sécheresse vulvovaginale

Pour garder leur souplesse, leur hydratation, leur sécrétion et leur relief, le vagin et le vestibule ont besoin d’œstrogènes. Or, ceux-ci font cruellement défaut à la ménopause, et plus le temps passe, plus les muqueuses du vagin et de la vulve deviennent sèches, fines, sensibles, elles sont dites atrophiques. Une douleur, une sensation de sécheresse ou même de brûlure, des irritations, voire des fissures sont des signes qui apparaissent surtout lors des rapports sexuels au moment de la pénétration. L’atrophie des muqueuses vulvovaginales expose aussi les femmes davantage aux infections. Autant les bouffées de chaleur sont des symptômes de début de ménopause, autant la sécheresse vulvovaginale apparait et s’aggrave avec le temps. Pour y remédier, il faut nourrir les muqueuses, mais aussi la flore vaginale (les fameux lactobacilles) avec des œstrogènes administrés sous forme de crème vaginale ou d’ovule. Le traitement hormonal de la ménopause, quant à lui, permet d’éviter cette sécheresse vulvovaginale. En cas de contre-indication aux œstrogènes (cancer du sein par exemple), on peut apporter un certain confort avec des gels hydratants, avec ou sans acide hyaluronique, à appliquer en intravaginal trois fois par semaine. Enfin, le laser endovaginal est une technique proposée dans le traitement de la sécheresse vulvovaginale liée à la ménopause.

 

Pour conclure

Le syndrome génito-urinaire de la ménopause fait partie intégrante de cette période de vie. Pour autant, il ne faut pas hésiter à consulter en cas de troubles urinaires ou de sécheresse vulvovaginale car des solutions existent !

 

Références : Syndrome génito-urinaire

 

Auteurices

  • BAGOT Odile, Dr Gynécologue-obstétricienne
  • Equipe Offre Prévention de la Mutualité Française

 

Pour aller plus loin

 

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