Rhinite allergique et rhume des foins : conseils pour bien utiliser les antihistaminiques
Auteurs :
- SOURAUD Séverine (Pharmacienne)
Avec le retour du printemps et des pollens, je retrouve à mon comptoir mes premières rhinites allergiques :
« Bonjour madame, je n’ai plus d’Aérius®. Je me suis fait surprendre, les premiers pollens sont déjà arrivés. Le palais me gratte, mes yeux me piquent, je pleure, j’éternue par rafales, mon nez coule. J’ai un rendez-vous professionnel important demain. Pouvez-vous me dépanner ? »
Je n’ai pas d’historique pour ce jeune homme, je lui délivre donc une boite de cétirizine, un antihistaminique vendu sans ordonnance. J’y associe quelques médicaments pour soulager ses yeux et lui donne les conseils habituels.
J’insiste en particulier pour qu’il prenne son comprimé ce soir, et non demain matin. C’est la première fois qu’il utilise cette molécule, et il ne faudrait pas qu’il s’endorme au volant en allant à son rendez-vous.
Un médicament antihistaminique H1 est un traitement de référence dans la prise en charge de l’allergie. Il en améliorera les symptômes : rougeurs, démangeaisons, irritations, larmoiements, écoulement nasal, éternuements, congestion etc.
Les indications d’un traitement par un antihistaminique H1 sont nombreuses : rhinite allergique, rhume des foins, urticaire, allergie ou eczéma de contact, asthme, conjonctivite allergique, mais aussi insomnie, anxiété, rhume, nausée.
Je vous livre quelques conseils pour vous aider à bien les utiliser.
Comment bien prendre un traitement antihistaminique ?
En général, la posologie est d’un comprimé par jour pour un adulte, à prendre sur de courtes ou longues périodes selon l’allergène en cause (le chat de la belle-mère, les cyprès, les acariens…). Il en existe sous forme de sirops pour les enfants.
Il faut respecter les doses (risque de troubles du rythme cardiaque).
Ne jamais doubler les doses d’antihistaminique sans l’avis de votre médecin.
Prendre son traitement :
- à heure régulière,
- avec un grand verre d’eau,
- idéalement un peu à distance du repas,
- de préférence le matin, afin de lutter contre les symptômes de l’allergie, plus présents en journée,
- à défaut le soir si vous êtes sensible à l’effet sédatif, si vous prenez la route (en particulier l’autoroute), ou si vous avez un antihistaminique de première génération (plus sédatif).
Votre médecin pourra compléter votre traitement avec :
- des collyres antiallergiques et des rinçages pour une conjonctivite allergique,
- des gouttes nasales à base de cortisone si vous avez un rhume des foins,
- des traitements topiques (crèmes) pour un eczéma de contact ou un urticaire,
- des sprays adaptés en cas d’asthme.
Prudence : un antihistaminique peut avoir un effet sédatif
Les antihistaminiques de deuxième génération sont moins sédatifs que ceux de première génération.
Néanmoins chaque organisme peut réagir différemment. On parle de sensibilité individuelle.
Il y a donc un risque de somnolence sous antihistaminique.
Soyez prudent en cas de conduite, ou d’utilisation de machines, surtout lors des premières prises. Evitez l’association avec de l’alcool ou d’autres médicaments sédatifs.
Les antihistaminiques en vente libre
Deux antihistaminiques H1 de deuxième génération sont vendus sans ordonnance en pharmacie, ils sont à base de cétirizine, ou de loratadine.
Ils ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale.
Ils sont conditionnés en petites quantités : boites de 7 comprimés.
Ils ne doivent pas être utilisés au long cours sans avis médical.
Les antihistaminiques en vente libre peuvent vous permettre de vous soulager en attendant de consulter le médecin. Signalez toujours au pharmacien vos autres traitements en cours, vos pathologies chroniques, vos antécédents.
Le meilleur traitement de l’allergie : l’éviction de l’allergène
A défaut de vous désensibiliser, l’antihistaminique H1 n’agissant pas sur la cause mais sur les symptômes de l’allergie, voici quelques conseils pour diminuer le contact avec l’allergène :
- éviter les sorties en période de pollinisation,
- se laver les cheveux et changer de vêtements en rentrant à son domicile,
- se rincer les yeux avec des dosettes pour lavage oculaire,
- se rincer le nez au sérum physiologique ou à l’eau de mer,
- rouler en voiture fenêtre fermée (et penser à changer le filtre à pollen régulièrement si la voiture en est équipé),
- garder portes et fenêtres fermées au maximum pendant la saison des pollens,
- éviter de planter des espèces allergisantes dans votre jardin,
- utiliser un masque et des lunettes de protection pour tondre votre pelouse (ou mieux : confiez cette tâche à quelqu’un d’autre).
Comment fonctionnent les médicaments antihistaminiques ?
L’histamine est un neuromédiateur stocké dans des cellules immunitaires du corps : les mastocytes. Elle a un rôle majeur dans l’allergie.
En présence d’un agent pathogène ou d’un allergène, l’histamine est libérée et se fixe sur deux types de récepteurs :
- les récepteurs H1 : présents dans tout le corps et impliqués dans les réactions inflammatoires et allergiques ;
- les récepteurs H2 : présents au niveau de l’estomac, ils sont impliqués dans la sécrétion d’acide.
Les antihistaminiques agissent en inhibant les récepteurs à l’histamine.
Les antihistaminiques H1, qui inhibent les récepteurs H1, réduisent les symptômes de l’allergie.
Les antihistaminiques H2, qui inhibent les récepteurs H2, réduisent la sécrétion gastrique. Ils sont indiqués dans des ulcères et des œsophagites.
Dans ce billet, je parle donc uniquement des antihistaminiques H1, traitement utile dans l’allergie.
Les médicaments antihistaminiques H1 agissent seulement sur les symptômes de l’allergie : nez qui coule, gorge qui gratte, yeux qui piquent et qui larmoient, etc.
Ils ne traitent pas la cause de l’allergie. On parle de traitement symptomatique.
Choisir un médicament antihistaminique H1 : la deuxième génération est à privilégier
On classe les antihistaminiques H1 en deux groupes :
- les antihistaminiques de première génération (les plus anciens) : dexchlorphéniramine, prométhazine, hydroxyzine, méquitazine etc.
Ils sont sédatifs, et également anticholinergiques.
Ils ont plus d’effets secondaires (bouche sèche, constipation), de contre-indications (risque de glaucome par fermeture d’angle, de rétention urinaire par bloc urétro-prostatique, etc).
- les antihistaminiques de deuxième génération : desloratadine, cetirizine, féxofénadine, ébastine, loratadine, mizolastine, etc.
Ils sont mieux tolérés, et moins sédatifs.
Pour traiter l’allergie, les antihistaminiques de deuxième génération sont prescrits en première intention.
Sans le savoir, vous utilisez peut-être sans le savoir des antihistaminiques de première génération.
Ils sont rarement prescrits dans les allergies, ou seulement en seconde intention en cas d’échec du traitement à base d’antihistaminique de deuxième génération.
Mais vous les connaissez sûrement car ils peuvent être indiqués comme :
- anxiolytiques ou somnifères : hydroxyzine/Atarax®, doxylamine/Donormyl®, etc. ;
- antinauséeux : diphénydramine/Nautamine®, dimenhudrinate/Nausicalm®, etc. pour le mal de transport par exemple ou le début de grossesse,
- traitements des symptômes du rhume : phéniramine/Fervex®, triprolidine/ Actifed®, doxylamine/Dolirhumepro®, etc.
Bien qu’ils soient en vente libre pour la plupart, demandez conseil à votre pharmacien : ces médicaments nécessitent des précautions d’emploi, surtout ceux contre le rhume qui contiennent souvent un vasoconstricteur.
Antihistaminiques et grossesse
Lors de mes études, on m’a appris : « jamais d’antihistaminique pendant la grossesse ». C’est ce qui est encore inscrit dans certaines bases de données et sur les notices.
Cependant le site officiel du CRAT (Centre de Référence sur les Agents Teratogènes) autorise quelques molécules. Attention, pas toutes !
En cas de grossesse ou d’allaitement : faites le point avec votre médecin traitant ou votre gynécologue. En fonction de l’intensité de vos symptômes et de l’avancement de votre grossesse, il vous guidera sur la conduite à tenir.
Pour information : au premier trimestre de la grossesse, l’embryon est en pleine formation, il est donc plus sensible aux médicaments.
Si vous êtes enceinte : surtout pas d’automédication, demandez toujours un avis médical ou faites-vous conseiller par votre pharmacien.